Enquête/ Togo: « Pure Water » : UN VERITABLE MARCHE DE DUPE


Depuis quelques années, la production et la commercialisation d’eau ensachée de 0,5 litre dite « Pure Water » se sont développées au Togo sous différents labels au

Des sachets de "Pure Wtaer" entreposés

prix de 25 FCfa. Ce commerce lucratif qui a fait essaimer des micro-entreprises en un temps record met en danger,cependant, la vie de milliers de consommateurs. Cet univers d’affaires évolue sans aucune réglementation et aucun contrôle des normes sanitaires dans un contexte d’aveu d’impuissance du gouvernement et des associations des consommateurs.

Constat patent à Lomé, la capitale togolaise de près de un million d’habitants, comme à l’intérieur du pays: le « pure water » est venu combler un manque crucial d’eau potable, une insuffisance d’adduction d’eau courante et de l’eau minérale, un besoin de première nécessité et vitale, qui est devenu un luxe coûtant entre 300 et 350 FCfa la bouteille de 1,5l dans un pays à faible revenu par habitant. Dans les bars, sur les marchés et les places publiques, en pleine rue, en familles, dans les
écoles, les administrations publique et privée, la consommation du « Pure water » est très ancrée dans les mœurs. Certains y recourent comme un luxe, 25FCfa contre 10FCfa pour l’eau courante ensachée ou vendue par gobelet auparavant par les bonnes femmes, d’autres par nécessité ou souci de s’abreuver à une eau à prix abordable et « pure ». Mais c’est sans compter avec les risques au regard des questions de sécurité et d’hygiène dans le processus de  fabrication.

Une véritable niche porteuse

A l’origine, l’eau ensachée était introduite au Togo en provenance du Nigeria mais surtout du

Des agents travaillant torse-nu à l'Unité "Tropica"

Ghana voisin, justifiant l’appelation anglo-saxonne attachée à ce produit. Les premières initiatives d’ensachage sur place étaient venues de quelques opérateurs nigérians et les produits étaient vendus sur la plateforme portuaire, à l’époque une place grouillant d’affairistes de tout genre. Progressivement,  des Togolais se sont intéressés à cette opportunité d’affaires, une véritable niche porteuse, qui s’est finalement vulgarisée avec des promoteurs peu regardants sur les conditions de production et autres. Si l’inscription « pure water » est restée telle, elle est truffée de fautes d’orthographe sur certains emballages portant rarement de date de péremption, remettant en doute le niveau intellectuel des producteurs et du staff technique qui ne misent que sur le volume à produire et à écouler. En exemple, installée en 2000 à Kpalimé, «Eau De Vie» fait une production journalière de 750 sacs de 30 sachets, soit 22.500 sachets. La production de l’unité «La Vie», a atteint 1200 sacs par jour. Le prix de livraison varie d’une unité à une autre. La quantité de
100 à 299 sacs est vendue à 225 francs Cfa dans certaines unités contre 220 francs Cfa dans d’autres, alors qu’il est cédé à 400francs CFA sur le marché dans la capitale togolaise. Autant de bénéfice sur lequel est sacrifiée la santé du consommateur. Les conditions de stockage des cargaisons livrées sont peu recommandables tout comme les invendus qui sont retournés au réfrigérateur ou à des bacs de conservation de fortune aménagés avec des blocs de glace. Les consommateurs se plaignent souvent de saveur insipide de l’eau. Interrogé à ce sujet, DJOSSE Kodjo, un agent à «Eau De Vie», répond tout en tentant de prendre la défense de son unité : « Nous, on suppose que le client peut vendre la quantité dans un court laps de temps ».

Des labels pour duper  

Les initiateurs des différents projets de production de l’eau ensachée ont recouru à bien de subterfuges pour conditionner les consommateurs. Cela se révèle, le plus souvent, par le label choisi selon des motivations religieuses ou copié sur les noms des localités. C’est ainsi qu’il existe le

Un filtre imbibé d'impureté mais en utilisation...

label « Kloto », éponyme de la préfecture du Kloto, région montagneuse qui jouit d’un temps doux toute l’année où l’eau naturelle ruisselant des roches est réputée douce et fraîche. Certaines des micro-entreprises jouent sur le conditionnement en optant pour des étiquettes frappée de paysage avec cascade afin de faire croire à de l’eau de roches, alors que l’eau commercialisée n’est autre que l’eau courante puisée du sous-sol de la région des Plateaux et distribuée par la société parapublique, la Togolaise des Eaux (TdE). D’autres jouent sur des appellations notamment « Ma Vie » et « La Vie », « Kloto », « Kloto Normal », « Glory », «Glory Water», « Gloria », «Life Water» et «Cool Water», « Bénédiction », « Eyram (ndlr : je suis béni)», « Kafui
(ndlr: grâce) ».
Par ailleurs, en raison des exploits de l’équipe nationale togolaise de football, « Les Eperviers », le nom de l’équipe est vite devenu un fond de commerce. Dans la fièvre de l’euphorie qui a salué les exploits de l’équipe par sa double qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et le Mondial 2006, le Pure water « Eperviers » est apparu sur le marché. C’est de même pour le label « Moov » copié sur le deuxième opérateur de téléphonie mobile qui s’est imposé au Togo avec un marketing empreint d’innovations face au premier opérateur qui est une société parapublique. En somme, cette eau devenue pratique est commercialisée sous une diversité de label notamment « Viva », « Woezon », « Ahamata », « Mama’s Cool », « Samaria », « Haho », « Big Metro », « Cacaveli », « Atlas », « Fontaine », « Mobile», autant de noms dans la capitale comme à l’intérieur du pays qui se ressemblent et qui se livrent une concurrence déloyale, alors que les conditions d’ensachage ne sont pas, pour la plupart, réglementaires.  

De l’eau de robinet à la place de l’eau de roches  

La commercialisation du « pure water » est souvent soutenue par une publicité agressive qui laisse

Aire d'ensachage à l'Unité "Kloto"

croire à une eau puisée des roches puis traitée. Loin de là ! A Kpalimé, ville en pleine région des montagnes à près de 120 km au sud-ouest de Lomé, des gérants ont avoué la supercherie. Ce n’est que l’eau courante de la Togolaise des Eaux (TdE), la société de production et de commercialisation de l’eau dans le pays, qui est ensachée. « Nous prenons l’eau directement de la pompe, il y a une canalisation souterraine à travers laquelle transite l’eau jusqu’au réservoir. Du réservoir, nous avons une motopompe qui aspire l’eau et la distribue aux deux machines que nous avons pour subir ensuite un traitement et les agents recueillent le produit fini », avoue Michel TAKEDE, propriétaire de « Tropica ». Selon des experts, le mal est que les installations de la TdE sont souvent fissurées par endroits et peuvent y laisser entrer des bactéries, exposant les consommateurs à d’éventuels risques de maladies hydriques, en cas de traitement déficient.

Dans la capitale togolaise, ce sont des forages construits de façon sauvage, sans être régulièrement inscrits ni pour l’installation ni pour requérir un éventuel suivi hygiénique, qui sont exploités, pour la plupart, pour produire le «Pure water». L’unité de production « Eméfa» a dû être délocalisée
d’un garage où elle opérait pour  un chambre apparemment mieux aménagée. Ainsi, la production qui était douteuse jusqu’en mai 2010, ne sera acceptable qu’en septembre de la même année. Le Service d’hygiène s’est vu aussi contraint de fermer certaines unités, du fait de la qualité suspecte de l’eau mise sur le marché. Mme Akuélé Azombakin-Tokou, responsable de la surveillance de la qualité de l’eau et des aliments à la Direction de l’assainissement et de l’hygiène du milieu au ministère de la Santé, confirme la clandestinité dans laquelle s’ouvrent ces unités : «souvent, ces sociétés s’installent sans nous aviser».

Un désastre de conditions d’hygiène de production 

Sur la terrasse d’une cour visiblement sans grande hygiène, sont disposés par tas, des sachets de « Pure Water ». L’encadreur des employés, la trentaine ou quarantaine, peine à se présenter

Alentours de l'Unité "Kloto"

pour même expliquer les conditions de production et nous convier à une visite guidée de la salle de
travail. Il aura fallu insinuer être représentant local d’un opérateur économique en prospection du marché des fabricants du Pure Water en vue d’une probable future collaboration pour que le maître des lieux s’ouvre timidement à un entretien. La visite des lieux a laissé découvrir une salle d’ensachage difficile à dépeindre : mur lézardé, sable humide et fin entassé dans des recoins, clé de roues déposé sur un filtre d’eau, peinture du mur déteinte, sol mal entretenu recouvert de tapis déchiré par endroits. Notre regard longuement posé sur des moisissures dans la salle, le fit interrompre la visite sur la phrase: « … Maintenant on peut aller dehors pour continuer notre discussion ».

Une autre visite nous a conduit dans une usine de production de la fameuse eau pure sous le label « Kloto », nom d’une localité montagneuse dans le sud-ouest du Togo réputée pour ses eaux naturellement fraîche. Le comble, cette unité est dirigée par Kini Kini ABOTSI, un ancien préfet, représentant du pouvoir central de la localité de même nom, et offre un décor peu reluisant : la salle d’ensachage est installée à seulement quelques mètres des sanitaires mal entretenus aux abords moisis, en plus non couverts.

D'autres agents travaillant en violation des normes à l'Unité "La Vie"

Dans la plupart des cas, les riverains manquent de courage pour dénoncer la qualité douteuse de l’eau produite par la majorité des unités où le port de blouse et de gants recommandé par les services de Santé n’est pas respecté. Au grand dam des règles et normes exigées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et celles de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) arrimées à celles de l’Union européenne (UE), bien des employés travaillent dans la plupart des compartiments torse nu ou en tenue vulgaire. Un portait type des unités de production retrouvé également à «Tropica», une autre unité de production dans la même préfecture de Kloto. Après une visite dans l’établissement «Tropica», l’agent d’hygiène ATCHA-WOLOU a eu à demander dans sa « fiche d’analyse de présomption de l’eau du 23 février 2009 », l’installation d’un évier pour le lavage des mains aux sortir des toilettes mais jusqu’à la réalisation de notre enquête, rien n’est fait.  

Interrogé sur ces conditions atypiques dans les unités de production du « pure water », Docteur Atany Bernadin NYANSA, Inspecteur et Directeur des pharmacies, laboratoires et équipements techniques au ministère de la Santé, explique que «Si la personne qui met l’eau en sachet ne prend pas soin de s’entourer de certaines précautions, il y a un grand risque de véhiculer beaucoup de maladies hydriques telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la diarrhée, la dysenterie, les ascaridioses et bien d’autres au rang desquelles, les maladies de mains sales ». Les notions semblent comprises par endroits. Dans l’unité « Clever », les agents sont en bottes, pourvus de cache-nez et de bonnet de médecin, cependant ils n’ont ni  blouse ni gants. Interrogés sur ce manquement, les agents répondent « nos gants s

Des agents de l'unité Klever travaillant, bottes au pieds...

ont finis », sans autre précision sur la durée de cette rupture et la date probable de la disponibilité de ces équipements. En fait, installé au Togo depuis 1999, cette unité, selon plusieurs sources crédibles, s’efforce à respecter les normes d’hygiène. « Chez nous, la salle technique est nettoyée tous les jours et nous procédons à un nettoyage général de tous nos locaux, deux fois par jour », confie Seith Kossi Amétépé GLE, le Directeur général. Le sol, a-t-on constaté, est carrelé et souvent nettoyé à l’eau de javel, en vue d’éliminer d’éventuelles bactéries.
Les conditions sont aussi, relativement, acceptables dans des unités comme «Glory» où travaillent une dizaine de jeunes recrutés pour l’ensachage de l’eau et qui se soumettent aux consignes : pas de sandalettes et de chaussures dans l’aire de travail. « On travaille les pieds nus pour éviter d’y drainer des microbes », confie Koffi AKAKPO, un des responsables de l’unité de production.

Par ailleurs, les normes internationales par rapport aux bouteilles plastiques sont ou peu respectées. Il est recommandé que la bouteille plastique soit teintée afin de limiter les conséquences de son contact direct avec les rayons du soleil. « Quand les rayons solaires traversent directement l’emballage, ils laissent les détriments chimiques du plastique dans l’eau. Or, les emballages teintés jouent le rôle des verres fumées », soutient Seith Kossi Amétépé GLE, qui renchérit qu’il « faut vraiment une éducation pour que le consommateur sache que l’eau doit être protégée contre l’air, la poussière et le soleil ». 

Des infrastructures loin du minimum tolérable 

A «Tropica», les filtres sont réutilisés plusieurs fois, après avoir été lavés à l’eau de javel. Les mailles des filtres sont de ce fait dangereusement agrandies et n’offre plus de garantie de la sécurité de l’eau mise sur le marché. Les risques sont encore bien lourds lorsque l’environnement du travail n’est pas aussi sain comme c’est le cas de fosses sceptiques, des dépotoirs ou tas d’ordures situées dans les encablures de la source de l’eau puisée et dans l’enceinte où s’effectue l’ensachage. En plus, il y a la question d’absence de lampes ultraviolets. Des patrons des unités
avouent eux-mêmes ne pas être nombreux à utiliser ces lampes et s’abstiennent de citer les sociétés nommément. A l’unité de production «La Vie», la lampe ultraviolet fixée dans une machine n’est pas fonctionnelle depuis des jours pendant que la production suit son cours. A Tabligbo, sud-est du pays, comme à Kpalimé, au sud-ouest, dans plus des trois quart des unités de production visitées les machines ne disposent pas de lampe ultraviolet.

Un kit défaillant

Selon les investigations, les machines de production utilisées, Automatic Liquid Packer (manutentionnaire automatique de produit liquide), sont achetées au Ghana voisin à près de deux millions cinq cents mille francs Cfa (2.500.000 F CFA environ 3 811,225 Euros) voire six millions de francs Cfa (6.000.000F CFA soit environ 9 146,941Euros). Ces équipements une fois acquis, certains producteurs n’investissent plus pour s’acheter des filtres à eau alors que chaque filtre a une fonction spécifique. Il y en a qui sont à coton, au carbone ou à céramique et retiennent les particules en fonction de leur taille ou les contaminants organiques de l’eau souvent responsables des problèmes de goût, d’odeur et de couleur de l’eau. D’autres éliminent le chlore et les pesticides. Ainsi, des substances dissoutes à l’instar de l’hydrogène sulfuré et les métaux lourds comme le plomb, le mercure et le cuivre sont retenus. L’un manquant, la qualité de l’eau soumise pour consommation est compromettante.

Le sieur TAKEDE de «Tropica» avoue rincer périodiquement la cartouche du filtre pour la réutiliser. A «Eau De Vie», le gérant Kodjo DJOSSE confie, de son côté, que  les filtres de leur unité ne sont renouvelés qu’à la fin du mois. Le constat est encore plus criard à certains endroits où est ensachée de l’eau dite pure sans aucun système adéquat de traitement et d’hygiène.

Plaintes des consommateurs pour ennuis de santé

Eau remplie d'impuretés à "Eau de vie"

La qualité de l’eau sous les différents labels mis sur le marché est souvent objet de critique et indexée comme vecteur de germes à l’origine de plusieurs ennuis de santé. Certains labels sont abusivement indiqués meilleurs, sans que les conditions d’ensachage et l’environnement du travail ne soient vraiment sains. « Moi, depuis que j’ai fait la fièvre typhoïde, le docteur m’a conseillé de ne plus consommer du Pure water et j’ai arrêté », confie Diane KOM, étudiante dans une université privée de la place. Elle soutient que, selon les propos de son docteur, le Pure Water n’est pas une eau recommandable. Dodji GNOUNGOU, ingénieur en bâtiments et travaux publics à Lomé, confie qu’il préfère boire de l’eau minérale pour, dit-il, être à l’abri de certains problèmes de santé. Seith Kossi Amétépé GLE, de Clever, lauréat du Prix de la qualité décerné par l’Union économique et monétaire ouest-africaine(UEMOA) en janvier 2011, explique que « les dégâts causés par l’eau par an constituent le triple des dégâts causés par les guerres réunies, le Sida et le paludisme, à se fier aux résultats sur le développement humain des Nations-Unies ». Il fait état de deux types d’origine d’eau : les eaux souterraines et les eaux de surface, et recommande la consommation de l’eau de roches indiquant que les eaux souterraines comportent des eaux issues des zones de sédimentation, lieu de dépôt de matières minérales dû à l’action des eaux, du vent ou d’autres agents physiques, qui ne sont pas bonnes pour la consommation. Des experts du ministère de la Santé précisent que « dans tous les cas, il faut une étude pour déterminer l’impact environnemental sur l’eau avant consommation ou d’utilité publique ».

La défaillance du système de contrôle et la non-réglementation comme facteurs favorisants

Faute de normes propres pour réglementer le secteur, le Togo se réfère à celles de l’Union européenne (UE), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UEMOA. Cependant, le respect de ces normes ne fait objet d’un contrôle continu et efficace. Dans la région des Plateaux, région des montagnes, où sont installés un nombre important d’unités de production de l’eau ensachée, ces normes sont presque inconnues et tout semble se réduire au contrôle d’hygiène rudimentaire.

Dans la préfecture de Kloto, ATCHA-WOLOU, assistant d’hygiène accrédité par le ministère de la Santé, retenu pour la supervision, dispose paradoxalement d’un kit qui ne lui permet pas de rechercher les bactéries. Il ne vérifie que l’acidité ou la basicité, (le taux de PH), les traces de turbidité ou de gaz après 24 heures d’incubation, la présence de gaz à 48 h et après 72 heures d’incubation, le type de fosse, l’état de la porte et du plancher des cabines, et aussi une probable présence de mouches dans les cabines. Cette inspection faite, la conclusion est immédiate : « l’eau ne comporte aucun risque pour la santé humaine à la consommation ». Le quitus est

Des filtres en train d'être rinçés pour "réutilisation"

alors donné aux producteurs qui croient avoir respecté les normes de sécurité et d’hygiène. Au terme d’un tour dans les unités de production dans toute la préfecture de Yoto, on se rend à l’évidence que le kit d’analyse est quasi inexistant. Les agents de Santé ne constatent de façon visuelle et superficielle que les conditions d’hygiène. A l’hôpital de Tabligbo, chef-lieu de cette préfecture, la situation est devenue alarmante depuis le décès du technicien supérieur du génie sanitaire en 2008 qui était le seul formé pour manier les kits. « Il n’y a plus personne qui sache manipuler les kits,», souligne Djifanou AGBIGBI, assistant d’hygiène d’Etat. Un autre assistant d’hygiène d’Etat, Kokou Hova KOUDAYA, se contente seulement d’infliger des amendes de 2.000 à 5.000 FCfa à ceux qui ne respectent pas les conseils « Nous voyons l’état de l’eau que l’usine utilise et en général ce sont les bornes fontaines ou bien des forages (…) Nous vérifions aussi l’état général de l’usine et  nous demandons que tout soit propre et quand les consignes ne sont pas respectées, on les amende à 5000 francs ». En clair, aucune analyse n’est réalisée pour vérifier l’état de l’eau mise sur le marché.

L’absence de kit est de même constatée dans la capitale togolaise où les agents contrôleurs devraient faire des tests de présomption pour identifier si l’eau est en contact avec les germes fécaux. Selon des experts de l’hygiène et de la sécurité alimentaire, des indicateurs de contamination comme les coliformes fécaux (bactéries associées aux fèces issues du tractus digestif de l’homme et des animaux) révèlent le contact de l’eau avec les selles. Mais en appoint, l’Institut national d’hygiène et le laboratoire de chimie des eaux de la faculté des sciences à l’Université de Lomé effectuent périodiquement des analyses sur certains échantillons. Au Ghana d’où le modèle de production du « pure water » est copié, le contenant, la qualité de l’eau et même l’identification du contenant sont vérifiés par des services compétents. Cette démarche n’est observée et rigoureuse que pour les producteurs d’eau minérale au Togo. En réponse au mécontentement des consommateurs sur la qualité de l’eau ensachée, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) a publié un rapport dans lequel elle fustige le mutisme du ministère de la Santé sur le problème.

Des filtres imbibés d'impuretés mais toujours en utilisation

« Les recherches pour déterminer l’ampleur du problème et proposer des solutions pour l’amélioration sont suspendues à l’avant-projet de loi portant code d’hygiène et de la salubrité publique au Togo préparé depuis avril 2002 et qui n’est pas encore devenu un projet », ont regretté les responsables de l’ATC.

Selon Docteur Atany Bernadin NYANSA, Inspecteur, Directeur des pharmacies, laboratoires et équipements techniques, des dispositions sont en cours au ministère de la Santé pour un meilleur contrôle et réglementation du secteur. «Nous allons mener très bientôt une enquête avec l’Institut d’hygiène pour mesurer l’ampleur que la situation présente afin de mener une campagne de sensibilisation », rassure Dr NYANSA. L’ouverture d’une unité de production devra désormais être conditionnée par la présentation notamment d’un Curriculum vitae du promoteur, des fiches de résultats d’analyse physico-chimiques, des caractéristiques de l’eau dont le taux de potassium afin que le consommateur soit informé de la teneur en minéraux ou encore du taux de basicité. « Tout le monde n’est pas habileté ou, conseillé à boire l’eau d’une même teneur en minéraux », précise Docteur NYANSA qui laisse entendre  que le Département en charge de cette question exigera à l’avenir le contexte hydrologique ou lithologique montrant les différentes coupes de terrains traversées, la profondeur forée, la hauteur totale des crépines et aussi la date de péremption. Il a été constaté qu’en guise d’information, les inscriptions avancées pour la péremption sont presque toujours identiques, même si la date de production n’est pas la même, les caractéristiques lithologiques sont imaginaires ou de simples reproductions de celles fournies par la TdE, alors que ces données changent tout au long du processus de traitement de l’eau. Au ministère de la Santé, les réflexions se poursuivent, dit-on, et pourront aboutir à  une séparation du fameux « Pure Water » de l’eau minérale. En attendant, elle est commercialisée à profusion au bonheur des producteurs.

 Enquête réalisée par Sylvio Combey

Avec le soutien du Programme africain  de reportage d’investigation ( PAIR)

3 Réponses

  1. je suis une unité de produiction aussi dans la région des plateaux précisement a atakpamé mais mon constat dans cette affair est que ces technicien des assainissements n ont pas fait leur travail dans se sens que moi je dépense beaucoup d argent pour mon traitement d eau et les autre ne fond rien et détruise la bonne volonté des autres par l interet ces meme personnes sont laissé quand ilya des controle et son meme privilegié et c est regretable actuelement pour la fermeture des services d eau ces personnes sont encore libre entrein d exercé leurs activité alors que ceux qui ont une bonne volonté de donné des produits de qualité son fermé il ya une unité qui est installé a coté d une riviere qui traverse la ville d atakpamé et qui est apelé éké une usine est installé juste a coté mais qui fonctionne bien aujourd huit et qui se dit réputé pour sa qualité moi je pense que si c est dans le but de défendre la santé de la population il faut le faire d une façon honnet

  2. […] l’eau du robinet. On commence d’abord par l’eau minérale, puis les sachets de « pure water ». Les salutations reprennent, et on échange des […]

  3. C’est bien là une triste réalité ! Que faire donc pour arrêter ces hommes d’affaires véreux ?

Laisser un commentaire