Commission Vérité au Libéria: Ellen Johnson Sirleaf rattrapée par son passé


A l’instar d’autres pays qui ont connu des moments douloureux et de

Ellen Johnson Sirleaf

violences, le Libéria a mis en place une Commission vérité et réconciliation pour faire la lumière sur les exactions commises. Seulement, la Présidente Ellen Johnson Sirleaf est citée par le rapport final et n’est toujours pas adopté. 

 De 1989 à 2003, le Libéria a traversé une période de conflits. Pas moins de 14 accords de paix sont signés entre 1990 et 1995 mais les combats n’ont cessé de s’intensifier. L’on dénombre, les rapports officiels, « 250 000 morts, un million de réfugiés et plus d’un million et demi de déplacés internes ».

Les faits

Le Libéria est une colonie américaine formée d’esclaves noirs américains libérés et ne va et a acquit son indépendance en 1847. Au début des années 1960, le pays a connu 20 ans de prospérité qui s’achèvent avec l’arrivée au pouvoir de Samuel K. Doe, soutenu par l’ethnie Krahn, en 1980. Cette ère est caractérisée par des violations massives des droits de l’homme. L’arrivée de Charles Taylor à Monrovia avec l’appui du Front national patriotique du Libéria (FNPL) entonne la première guerre civile. En 1990, Prince Johnson, qui combattait aux côtés de Taylor, rompt les rangs et se rend coupable de la capture et de l’assassinat de Doe après avoir crée sa propre faction, le Front national patriotique Indépendant du Libéria. Les combats n’ont cessé de s’intensifier, le pouvoir de Charles Taylor, de 1997 à 2003, n’a pas fait l’exception. Ce dernier a manqué de réinsérer les anciens combattants dans la société civile, ou de poursuivre les coupables de violations massives des droits de l’homme et a plutôt constitué  les forces de sécurité et de police d’anciens miliciens. Des combats importants ont eu lieu entre les troupes gouvernementales et les combattants du Liberian United for Reconciliation and Development, donnant lieu à des massacres de civils.

Il aura fallu l’Accord de paix d’Accra le 18 Août 2003 pour mettre fin à 14 années de conflit civil et d’instabilité politique. C’est donc cet accord qui a recommandé l’instauration d’une commission vérité et réconciliation qui est chargée « d’enquêter sur les violations massives des droits de l’homme qui ont eu lieu de janvier 1979 au 14 octobre 2003.

Sirleaf rattrapée par son passé

Après deux ans et trois mois supplémentaires de travail, la Commission a déposé  son rapport le 30 juin 2009 au Parlement.  Les causes profondes de la guerre civile et la responsabilité des différents acteurs ont été soulignées. L’un des points majeurs à relever est que la Commission recommande que « les personnes ayant été associées avec les groupes armés soient interdites de briguer des mandates électifs et d’exercer des fonctions publiques pendant une période de 30 ans ». Seulement, la Présidente Ellen Johnson Sirleaf y est citée. Elle aurait même confirmé,  lors d’une audience devant la Commission en février 2009, avoir soutenu, notamment financièrement, la rébellion du Front national patriotique de Charles Taylor, contre le régime de Samuel Doe, et s’en était excusée. Mais cet aveu ne l’épargne pas.

Il faut donc comprendre que si l’Assemblée législative adopte ce rapport, Johnson Sirleaf doit mettre fin à son mandat mais elle aurait déclaré n’avoir pas l’intention de démissionner. Mais, pour Massa Washington, membre de la Commission, « il n’y a pas de complaisance à faire à l’endroit de qui que se soit ».

Pour l’heure, le document n’est toujours pas adopté par le Parlement, la Commission elle-même reste divisée surtout que des membres ont reçu d’y apposer leur signature.

La question que l’on pourra se poser à l’heure où la Commission vérité justice et réconciliation du Togo rentre dans une phase critique est de savoir ce qu’elle fera si elle se retrouve dans de cas pareils. Le scénario du Libéria risque de se produire au Togo surtout que selon le rapport des Nations Unies, l’arrivée du Chef de l’Etat togolais Faure Essozimna Gnassingbé au pouvoir en 2005 est émaillée de multiples, de violation flagrantes de droits de l’homme, des millions de réfugiés et pas moins de 500 morts.

Sylvio Combey

2 Réponses

  1. […] Combey σχολιάζει [fr] στο blog του: “η Λιβερία θέσπισε Επιτροπή Αλήθειας […]

  2. […] Combey comments [fr] on his blog: “Liberia established a Truth and Reconciliation Commission to shed light on the […]

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